Reportons nous quelques années en arrière pour voir comment on vivait à Lemps autrefois.
Le seigneur de Lemps est Jean d’Arcons. Il habite le village même, mais dispose d’une maison et d’un chesal (sans doute cheval) au bourg de Tournon. Il contribue à la taille royale pour ses biens roturiers : 80 fessoirées de vigne au terroir de St Jean de Muzols, 4 seytives de terre, une seytivade de pré dans une île. Il paie également le cens (argent, cire, noix) pour ces mêmes roturiers. Parmi les propriétaires terriens figurent messires Jean Gailhard et Arige de Bastide.
Le châtelain d’Iserand, noble Jean d’Arcons et deux commis-jurés entreprennent les opérations (estime des biens de la commune de Lens ou Lems) le 24 septembre 1464.
Sur la côte du Rhône, le vignoble prend de l’importance et le bétail en perd. Un tenancier n’a qu’un cheval, tel autre quatre chèvres et la moitié d’un âne ; le plus fortuné un bœuf, une vache, 30 bêtes à laine, 15 chèvres et 3 ruches.
De nombreux mas avec leur jardin, des pugnères de terre, des fessoirées de vigne, des seytives de prés ou de sanhasses, des bois et des bruyères, des côtes infertiles caractérisent le terroir.
Le tenancier censitaire fournit un baril de vin, un lapin ou un agneau, des cartalades de froment, des setiers de seigle ou d’avoine, des poules, du fromage, une corvée.
Au mas des côtes de Bressieu se dresse le moulinage du seigneur de Tournon. Il s’agit d’un groupe de moulins ou de meules, destinés à moudre le blé, à fabriquer l’huile et peut-être aussi à broyer le tan (écorce de chêne pulvérisée) et à fouler le drap.
A chaque mutation de seigneur ou de tenancier, la coutume du château d’Iserand veut que le cens soit doublé.
(Extrait de La vie économique et sociale dans 150 localités du Vivarais d’après les ESTIMES de 1464, de Jean Régné).
Tenancier censitaire : personne non noble, possesseur d’une terre et payant une redevance fixe au seigneur du fief.
Fessoirées : surface qu’un homme peut piocher en une journée.